Portrait de Lynda, de la rupture scolaire au secrétariat des instances médicales

En bref

A l’occasion de formations à l’animation professionnelle, nous avons rencontré Lynda, commerciale, animatrice, directrice adjointe et actuellement secrétaire des instances médicales. Elle nous parle de son parcours professionnel et l’impact de sa rencontre avec les Ceméa.

Photo portrait de Lynda

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Lynda Serraf, je suis secrétaire des instances médicales. Ce qui correspond à un travail d’assistante de direction sur le plan médical dans un établissement de santé mentale qui s’appelle Ville-Évrard. J’y suis depuis quatre ans. Je suis la secrétaire du président, le représentant de tous les médecins. Je m’occupe de l’organisation des réunions et du suivi des projets. J’ai également un rôle stratégique dans le lien entre les médecins et les directeurs administratifs.


Quel a été votre parcours avant d’en arriver là ?

J’ai quitté très tôt l’école, en fin de troisième. J’avais déjà deux ans de retard à l’école. J’étais très mauvaise élève…en tout cas, pas du tout adaptée au système scolaire.

À l’époque, je voulais déjà être éducatrice. À ce moment-là, on me dit : il n’y a pas de débouchés, ce n’est pas intéressant. Donc très vite, j’ai laissé les gens choisir pour moi. Ma seule consigne, c’était tout sauf le secrétariat…et on m’a invité à aller dans une école de secrétariat.

J’y suis allée, je suis restée trois mois, mais je suis un peu têtue, je suis partie. J’ai fais ce que je savais faire : du commerce, puisque c’était ma bouée de sauvetage depuis toujours. J’ai pas mal travaillé dans cet environnement. Très vite on s’installe dans une routine. Et puis un jour, un client me demande mon âge et me dit que vingt ans c’est le plus bel âge. Ce fut un électrochoc pour moi. Je me suis dit, ok, je travaille dans une boulangerie, je vis mes plus belles années et ce n’est juste pas possible…

Donc j’ai démissionné et changé complètement de vie. J’ai voyagé un petit peu partout pendant six mois. En rentrant, je me suis rendue dans une mission locale et après discussion, ce qui ressortait, c’est que j’étais faite pour l’animation. On a essayé de me dissuader de me lancer dans ce domaine car je n’allais pas vivre de grand-chose. J’ai alors répondu que, peu importe ce que j’allais gagner, l’essentiel était de m’éclater et d’aimer ce que j’allais faire. Ce qui était précieux.

Je finis donc par me retrouver aux Ceméa, début des années 90, pour faire ce qu’on appelait alors les pré-qualifiants aux métiers de l’animation. J’y ai découvert tous les champs de l’animation, les bases d’un projet, le BAFA, le BAFD et le brevet de secourisme. En parallèle, je travaillais dans un centre social le soir et pendant les vacances. On était à temps plein en formation, c’était vraiment bien.

Je me suis rendue compte que j’avais un pouvoir, celui d’accompagner les gens.

Pendant quelques années, j’ai fait de nombreuses choses dans l’animation. Mais j’avais envie de passer un diplôme professionnel. Je voulais passer un BEATEP* mais mon parcours ne le permettait pas. J’ai donc commencé par un BAPAAT**. C’était un peu difficile au départ car je me retrouvais avec des débutants. Ces personnes me renvoyaient à mon passé, à d’où je venais, ce n’était pas simple. Mais ce qui était intéressant, c’était de voir, en comparaison, comment j’avais grandi dans mon parcours de vie. Je me suis rendue compte que j’avais un pouvoir, celui d’accompagner les gens. C’était un révélateur pour moi.

J’ai enchaîné par le BEATEP, j’ai trouvé une alternance dans une association qui débutait et où tout était à construire. J’y suis restée vingt ans. On a fait tout un travail de maillage avec le territoire. Je suis arrivée en tant qu’animatrice, ensuite j’ai coordonné le secteur animation et j’ai fini par devenir directrice adjointe. Ma directrice allait bientôt prendre sa retraite mais je ne voulais pas prendre le relais. Je me projetais pour passer un nouveau diplôme : le DESJEPS. J’aspirais à prendre la direction d’une structure mais avant de se former à la direction je devais d’abord passer une VAE en DEJEPS. Entre temps, une nouvelle directrice est arrivée. À la fin de la première année de collaboration, j’ai compris qu’on était pas du tout sur la même longueur d’onde. Je suis donc partie. C’était violent car ma décision était brutale. J’ai mis en stand by ma VAE et j’ai abandonné petit à petit mon projet. Je me suis dit que c’était l’occasion d’avoir une nouvelle vie professionnelle. J’avais développé énormément de nouvelles compétences.

Pendant trois ans, j’ai travaillé dans les ressources humaines, dans des associations qui n’ont rien à voir avec l’animation et dans une agence immobilière. Et un jour, j’ai atterri à Ville-Évrard. Gros pied de nez à ma propre vie, pour quelqu’un d’archi-nulle à l’école, je me retrouve à taper des comptes rendus assez techniques et à suivre les projets médicaux de l’établissement. Tout ce qui se passe ici me parle. On est dans un autre environnement, le milieu psychiatrique, mais in fine, les problématiques se rejoignent avec le travail que j’ai fait pendant des années : faire du lien, trouver des solutions pour les patients, avant c’était pour les jeunes et les familles. Je transpose par rapport à mes précédents métiers et ça me parle. J’ai l’impression d’être dans un schéma de continuité.

J’ai appris qui j’étais.

En quoi votre parcours avec les Ceméa a-t-il eu un impact sur votre vie d’aujourd’hui ?

Chaque étape a été un déclencheur où j’ai appris que je n’étais pas nulle, j’ai appris que j’avais des compétences. J’ai appris à les utiliser et les verbaliser. Cette manière de travailler où l’on est pas dans un rapport prof / élève mais dans une interaction commune, j’ai ça dans le sang maintenant et cela est un point important de mes interactions avec les gens et les collègues. Je ne serais pas passée par les Ceméa, je n’aurais jamais pris conscience de ma valeur. J’ai appris qui j’étais. J’ai aussi appris qu’animer, c’est donner la vie. C’est vraiment ça l’esprit des Ceméa.

 

* Ancien diplôme remplacé par le BPJEPS

** Ancien diplôme remplacé par le CPJEPS

Crédit photo : Jorge ALVAREZ

 

 Comme Lynda, vous souhaitez vivre une formation avec les Ceméa, alors il y a sans doute une formation pour vous :

  • Premier diplôme de la filière Jeunesse et Sport, le CPJEPS vous permet de découvrir le métier pour exercer la fonction d’animateur ou d’animatrice principalement au sein d’accueils collectifs de mineur·es en périscolaire et extrascolaire mais aussi en séjours de vacances.
  • Le BPJEPS vous permet d’exercer la fonction d’animateur ou d’animatrice ou de devenir éducateur sportif ou éducatrice sportive en fonction de la spécialité choisie. Vous encadrez divers publics en fonction de la mention choisie. Vous exercez en autonomie et mettre en place des projets d’action auprès d’un public.
  • Nous proposons également une formation professionnelle continue sur le secrétariat médical en psychiatrie. Retrouvez le descriptif de la formation en page 48 de notre catalogue.
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24 rue Marc Seguin 75883 Paris cemea-formation@cemea.asso.fr
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