Les Ceméa et la santé mentale
En bref
Pourquoi les Ceméa ont-ils décidé de mettre en place des formations dans le champ de la santé mentale ? Retour sur 70 ans d’histoire.
La rencontre des Ceméa et de la santé mentale s’est initiée lors des premiers stages dans les hôpitaux psychiatriques, autour de la question de l’amélioration du cadre de vie des patient·es.
Alors est née une parole singulière soignante. Faut-il le rappeler, l’organisation des premiers stages pour « les équipes de santé mentale », mis en place par les Ceméa dès 1949, à la demande du docteur G. Daumezon (quand à l’époque il n’existait aucune formation professionnelle), s’appuie sur cette idée révolutionnaire de la nécessité pour le ou la soignant·e de travailler sa pratique dans un partage et une confrontation de points de vue, et d’élaborer collectivement pendant le temps de la formation une pensée théorique, gage de sa solidité soignante.
La continuité des soins sous-entend le renforcement de la fonction d’étayage (la fonction phorique) de chacun·e dans son rapport à la psychose, et plus amplement à la souffrance humaine. Cette posture soignante, qui met en pratique ce que BONNAFE appelait « l’art de l’écoute et de l’écho », et cette capacité à penser ses observations qui implique le «nécessaire déplacement du point de voir», cher à DELIGNY, se travaille dans nos stages au quotidien.
C’est cette approche psychodynamique de la compréhension du psychisme et de la place de la personne dans son histoire que les Ceméa continuent à défendre dans ses stages.
Les Ceméa ont ainsi contribué à la mise en mouvement d’une culture, celle de la psychiatrie du désaliénisme. Autrement dit, l’inscription de la souffrance psychique dans un rapport à l’autre – le ou la soignant·e, mais aussi la personne de la cité. La psychothérapie institutionnelle a eu pour mérite d’inscrire celui ou celle qui souffre dans une dynamique de relations sociales, et donc a permis dans le même temps d’interroger les organisations et les fonctionnements des hôpitaux construits sur le modèle de l’enfermement, de l’exclusion et de la déshumanisation de la personne. Les souffrances psychiques nombreuses et diluées aujourd’hui sont perceptibles dans une multitude de lieux, (l’hôpital, mais aussi l’école, la crèche, l’entreprise…) et interrogent les interventions à mener et créent du désarroi chez les professionnel·les. Rencontrer l’Autre, c’est rencontrer avant tout la part d’histoire en chacun·e de nous faite des cultures de l’humanité. Cette utopie dans la rencontre – au sens de ce lieu toujours à rechercher – contribue à maintenir ce « principe de continuité », référence de la position soignante d’accompagnement de la personne en souffrance dans la psychiatrie de secteur. Continuité des « petits riens », de « ces moindres choses » qui font l’humain·e Sujet et qui sont lieux d’expression de soi, paroles personnelles dans ces interstices laissés par les rencontres successives au gré des activités de la vie.
La formation permanente des personnels des institutions psychiatriques, sanitaires et sociales, ne peut se limiter à évoquer la souffrance humaine en tant que symptômes à gommer.
L’être humain ne peut se réduire à une collection de comportements qu’il faudrait rééduquer pour une meilleure adaptation. La question de la relation aux autres et au monde est assujettie à la question du désir, des émotions et des intelligences partagées et à l’inscription de chacun dans une histoire et une culture dont les aspects inconscients sont une composante et fondent l’humanité.
Les pratiques de formation que les Ceméa défendent depuis leur origine dans le champ de la psychiatrie et de l’éducation spécialisée ont toujours récusé les réponses univoques.
Ainsi, cette complémentarité des approches est essentielle, pour autant que ces dernières s’inscrivent dans une éthique de la relation. La formation permanente, au sens de l’éducation populaire, se veut et se doit d’être un lieu de questionnement des pratiques professionnelles, un temps de contestation des assurances soignantes.
Toutes ces valeurs sont portées depuis 70 ans dans la revue Vie Sociale et Traitements, la revue du travail social et de la santé mentale des Ceméa.
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